dimanche 21 mai 2023

Une archéologie préhistorique moderne

Au domaine provincial d'Hélécine, l'archéologie préhistorique se vit de manière plutôt innovante, captivante et ... moderne.

Article publié dans L'Avenir BW du 15 mai 2023.



L’homme qui allume le feu plus vite que son ombre

Au domaine d’Hélécine, le musée d’interprétation archéologique propose de nouvelles animations destinées à faire découvrir l’archéologie.

La cour d’honneur du château d’Hélécine marque l’entrée du domaine provincial du même nom. Les oiseaux y chantent à tue-tête, les oies se croient chez elles, l’étang rafraîchit l’air, la nature est y est généreuse, les fleurs colorent des parterres bien entretenus. En poussant la porte du pavillon à droite de l’entrée, on ne se doute pas qu’on entre dans un musée d’archéologie. Ici pas de grandes vitrines et d’imposants squelettes d’iguane ou d’Homo sapiens comme on pourrait en voir dans un musée de sciences naturelles. Le sapiens qui nous accueille aujourd’hui est Manu : « bonjour je suis archéologue, vous connaissez la différence entre l’archéologie et la paléontologie ? Et qu’est-ce qui marque le passage de la préhistoire à l’histoire ? ». Après les présentations, Manu invite les familles (qui avaient réservé leur animation au préalable, on ne rentre pas ici comme dans une église), à s’assoir sur des peaux de bêtes. Il nous chuchote : « vous n’êtes pas dans un musée comme les autres. Ici, on sort les objets des vitrines et en plus … vous pouvez les toucher ! » Délicatement, il dépose devant les yeux ébahis des familles, un os de mammouth et nous conte son histoire. Des histoires il en a plein son sac et sous une peau de dessous laquelle il dévoile des crânes. Chimpanzé, sapiens, australopithèque, … mais qu’est-ce qui différencie ces crânes ? Les jeunes archéologues en herbe sont invités à en observer successivement les orbites, le front, la casquette au-dessus des yeux, les mâchoires, les dents. Arrive ensuite un troupeau d’animaux miniatures issus de l’âge de glace de Walt Disney : « Diego, le tigre à dents de sabres est un Smilodon, poursuit l’archéologue. Et Sid, le paresseux ? D’où vient-il ? » L’après-midi se poursuit de manière concrète. Les enfants (et les parents) sont invités à s’initier à différents outils utilisés par les homme préhistoriques. Grâce à un silex, une pyrite et de la poudre de champignon, Manu allume un feu en deux minutes top chrono. Les participants de Koh Lanta peuvent aller se recoucher.

Une question hante le visiteur : comment les scientifiques ont-ils bien pu construire toutes ces connaissances ? Pour le découvrir, de nouvelles formules de stages sont mises sur pied pour les vacances d’été et de Toussaint ainsi que des visites thématiques. Toutes les informations sur www.miabw.com

vendredi 5 mai 2023

A Orp-Jauche les betteraves poussent au milieu des silex

Un sous-sol de calcaire, sable et silex

Une balade géologique guidée par Frédéric Van Dijck, passionné d’histoire et d’archéologie, révèle l’incroyable passé de Orp-Jauche.

Article publié dans L'Avenir.


 

A l’initiative de l’ASBL La Petite Jauce, les habitants de la commune d’Orp-Jauche et d’autres passionnés ont eu la chance, ce dimanche 16 avril, de partir à la découverte des traces laissées par l’homme il y a plusieurs milliers d’années. Malgré le temps frais et humide, 25 personnes ont répondu à la proposition de La Petite Jauce.

Frédéric Van Dijck travaille depuis 30 ans au Service public de Wallonie sur la gestion des risques naturels pour l’aménagement du territoire et l’urbanisme. Il est architecte paysagiste (ISICF) avec une formation complémentaire en géologie et hydrogéologie (ULg)  et accessoirement en cartographie numérique et modélisation (ESRI Belgium). Mais c’est avant tout parce qu’il habite Orp-Jauche, que l’ASBL de protection de la nature créée en 1977 sur ce même territoire s’est intéressée à lui. Jos Bernar est membre du conseil d’administration de l’ASBL : « quand nous avons appris qu’un spécialiste de notre sous-sol habitait le territoire, nous nous sommes dit qu’il fallait organiser une visite guidée avec lui. Même si à priori, la géologie ne semble pas faire partie de la défense de la nature, en fait si. C’est en comprenant mieux notre histoire et notre sous-sol que nous pourrons mieux protéger la nature qui l’occupe »

Les conditions géologiques de la région sont à la base de ce que l’on y retrouve comme trace de notre passé. Enorme bond en arrière pour comprendre.

samedi 25 mars 2023

Un entrepreneur agricole qui prend soin du sol de ses clients

Ca s'est passé ce vendredi 16h, au moment où tous les employés ferment boutique et commencent leur week-end. Un petit groupe d'une vingtaine d'agriculteurs (le GAA HORJ), motivés d'avancer vers l'agroécologie, s'est réuni pour continuer d'apprendre et d'échanger sur leurs pratiques pour protéger leur principal outil de travail : le sol.


 

Le sol, un outil trop longtemps oublié et qui revient au galop avec la nécessité de limiter les phénomènes d'inondation, de sécheresse, et d'érosion. 

Première étape pour le groupe : réfléchir sur ses pratiques de travail du sol. Tiens, et le labour dans tout ça ? On essaie de l'arrêter ? On tente de maximiser l'effet des vers de terre sur le sol en préservant leur maison ? Pas si simple ! Il faut structurer le sol d'une autre manière, avec d'autres outils, puis semer avec un autre semoir. Chaque agriculteur n'a pas à sa disposition tout l'éventail d'outils coûtant plusieurs dizaines de milliers d'euros. 

C'est là qu'entre en jeu la collaboration avec les entreprises de travaux agricoles qui, à la demande des agriculteurs, viennent prester leurs services dans les champs avec leurs machines et leurs chauffeurs.

L'entreprise de travaux agricoles "Tasiaux frères" située à Taviers (Eghezée) preste ce genre de services depuis 1991. Parmi les 4 associés Tasiaux (2 frères et les deux fils de l'aîné), le plus jeune, Etienne, s'est pris de passion pour une technique particulière : le semis sous couvert en betterave et chicorée. Cette technique permet de semer les deux cultures précitées dans un champ qui n'a pas été labouré l'hiver précédent et qui contient encore des débris (d'où l'appellation "sous couvert"). Pas labouré, ok, mais pas non-travaillé pour autant. D'autres outils entrent en jeu : des outils à disques (style cover crop), des outils à dents (style vibroculteur moderne), voire une sous-soleuse pour travailler plus profond. Ces outils ont l'avantage pour le sol et ses habitants de ne pas le retourner et de ne pas l'émietter complètement comme le ferait une charrue.


Cover crop

Köckerling

Déchaumeur à dents Grégoire Besson

Sous-soleuse

Skiflex Jadin (peigne)

 

Etienne Tasiaux dispose de deux semoirs spécifiques, adaptés à la présence de débris grâce aux disques ouvreurs devant le sabot. Le printemps venu, ils pourront être utilisés en fonction des conditions du sol en sortie d'hiver et selon les préférences du client. Gage de qualité et d'expérience sur la technique : ici, c'est le patron qui sème !

Etienne Tasiaux
Etienne Tasiaux sème les betteraves et chicorées avec un semoir Monosem Meca V4 ou NG+4


vendredi 10 mars 2023

Quand l’orge se fait HORJ pour amener l’agroécologie dans l’Est du BW

Le service agricole de la province du Brabant-wallon (CPAR) a initié avec l’aide d’une agronome indépendante spécialisée en la matière, un projet pilote d’animation d’un groupe d’agriculteurs en agroécologie sur l’extrême Est du Brabant-wallon.

L’histoire commence en juillet 2022 quand la ministre wallonne de l’environnement, Céline Tellier, annonce un appel à projet visant à constituer des groupes d’agriculteurs en agroécologie (GAA). L’objectif wallon est de constituer 14 groupes de minimum 20 agriculteurs. L’appel à projet récolte un grand succès et suscite de bonnes idées. Ils seront finalement 18 groupes élus par le jury. Parmi eux, un groupe de 20 agriculteurs cultivant sur les communes de Hélécine, Orp-Jauche, Ramillies et Jodoigne qui sera accompagné dans leur transition économique et agroécologique par le CPAR et Frédérique Hupin, agronome indépendante et journaliste agricole.

Le projet a une durée de 3 ans et a débuté le 1er janvier 2023. Il a commencé par une conférence inaugurale au cours de laquelle deux scientifiques ont présenté de nouveaux indicateurs biologiques de santé des sols : les vers de terre et les carabes. Cette conférence peut être visionnée sur la chaîne YouTube du CPAR.

La première étape du projet HORJ-BW consiste en un entretien individuel avec chaque agriculteur participant afin de dégager ses attentes, ses freins et ses besoins par rapport à l’agroécologie. Des analyses de sol et des relevés de vers de terre sont également proposés. 



Ces mesures et ces entretiens déboucheront sur des questions pratico-pratiques auxquelles les animateurs tenteront d’apporter des réponses en faisant appel à l’intelligence collective du groupe, appuyés par des intervenants extérieurs. Réduire l’isolement des agriculteurs et favoriser la communication et la collaboration entre pairs est aussi un objectif visé par le projet HORJ-BW.

Un tour de plaine a ainsi été réalisé sur une parcelle d’un agriculteur du groupe qui, pour la première fois, n’avait pas labouré sa parcelle et l’avait semée avec un couvert végétal destiné à nourrir le sol et ses habitants. Oui mais voilà, le printemps arrive, et il est temps de penser à préparer le sol pour la culture suivante. Comment faire face à ce nouvel aspect de la terre sur laquelle pousse une culture qui n’a pas été détruite par le gel. De nouvelles connaissances et de nouveaux outils de travail du sol sont nécessaires, mais l’agriculteur n’est pas équipé. L’appel à l’équipe s’est avéré salvateur. Un agriculteur de la commune voisine, déjà très expérimenté dans ces techniques d’agroécologie est venu apporter ses conseils. Ses informations ont rassuré l’agriculteur, motivé à changer sa pratique mais ne souhaitant pas prendre de risques au vu des marges économiques très étroites imposées par l’organisation mondiale du commerce agricole. Un entrepreneur agricole du coin était présent également. L’entrepreneur agricole dispose d’un engin à disques qui va permettre de couper les débris végétaux. Il utilisera ensuite un semoir de précision équipé de disques ouvreurs devant chaque élément semeur qui trancheront les débris afin de laisser place nette pour la petite graine.

L’union fait la force, et ce n’est qu’un début !

vendredi 24 février 2023

Le sol comme solution aux extrêmes climatiques

Sarah Garré est chercheuse en Belgique à l’ILVO (l’équivalent du CRA-W pour la partie flamande de la Belgique). Elle est la coordinatrice du projet Climasoma. Son étude vient de prouver qu’en choisissant bien la façon dont les agriculteurs gèrent leurs terres, ils peuvent se prémunir contre la sécheresse et les pics de précipitations. Plus d'un millier d'observations à travers l'Europe l’ont montré.  

 

Télécharger l'article complet.


Source : Revue TCS de janvier/février 2023.