La course du Fastnet de Djinn

 


Article publié dans L'Avenir Brabant wallon

 

 

Une course de formule 1 de cinq jours en mer

Un équipage brabançon - bruxellois a participé à une des courses à la voile les plus mythiques au monde : la Rolex-Fastnet-Race-Cherbourg.

Respect ! C’est le mot du skipper professionnel ottintois Denis Van Weynbergh quand il apprend que le voilier amateur Djinn est toujours en course après un départ dans des conditions météo dignes de l’enfer. Denis Van Weynbergh vient de clôturer le parcours qui démarre à Cowes (Angleterre), fait le tour du phare du Fastnet en mer celtique (Irlande) et termine à Cherbourg en Normandie (voir édition EDA BW du 27 juillet). Pour sa cinquantième édition, la Rolex-Fastnet-Race-Cherbourg, organisée tous les deux ans, avait augmenté le nombre de participants à 450 bateaux plutôt que 300 habituellement. Ce qui totalise plus de 3500 marins, dont les plus grands noms de la voile mondiale, 49 pays et 695 miles nautiques (1287 kilomètres). Côté météo, l’édition 2023 fût terrible. Denis Van Weynbergh le confirme à l’arrivée : « si le départ de cette course avait été donné en France, le comité l’aurait retardé de 24 heures pour mettre les équipages à l’abris. Mais les anglais ne voient pas la voile de cette manière. Pour eux, c’est au marin de décider s’il prend la mer ou pas ». C’est dommage car cela a engendré  une centaine d’abandons, quatre démâtages, un naufrage et un homme à la mer (repêché ensuite). Le orp-jauchois Olivier Vierlinck était à bord du voilier Djinn. A bientôt cinquante ans, il navigue depuis tout petit. C’était sa première Fastnet. Il voulait au moins une fois tenter cette expérience  : « au départ, c’était physique mais gérable. Après, le vent est encore monté, on ne savait pas jusqu’où ça allait rester gérable. Aucun membre de l’équipage n’avait déjà affronté des vents si forts (NDLR : 85 km/h). La première nuit en mer a été terrible. Dans ma vie de marin j’avais déjà entendu un ou deux may day à la VHF (NDLR : appel de secours utilisé quand une vie humaine est en danger). Mais cette nuit-là, il y en avait un toutes les dix minutes. On a tenu le coup. Je n’ai jamais été aussi mouillé de ma vie. On avait un bon bateau et un bon équipage, nos vies n’ont jamais été en danger même si c’était dur »

Pierre Giot, de Genval, témoigne : « ce qui était important pour nous c’était de s’amuser dans la performance, sachant que c’étaient des moments difficiles. La cohésion de tous a été la force de notre équipage. Dans l’équipe, tout le monde pouvait tout faire même s’il y avait des niveaux différents entre nous. Du coup, on était toujours au charbon. »

« Je ressens une joie folle »

Pierre-Olivier Busschaert le rosierois a fait ses armes au club de voile de Genval en commençant par la voile légère. Il était le co-skipper de l’équipe. Les émotions étaient fortes en mettant le pied sur le ponton après avoir affronté une mer très forte pendant six jours et cinq nuits. « Je ressens d’abord une grande fierté pour tout notre équipage. On a si bien géré cette course tous ensemble. Notre préparation a vraiment porté ses fruits. Avec le skipper, Sylvain Duprey, on a géré le projet de manière très démocratique. Tout l’équipage a été impliqué dans toutes les décisions à prendre sur le bateau. »

La course s’est préparée depuis six mois avec le propriétaire du voilier, le rosiérois Sébastien de Liedekerke Beaufort et les autres instructeurs mer du club de voile de Genval. Ces derniers ont géré le convoyage aller et retour entre Nieuport et Cherbourg : deux fois une semaine de convoyage.

Pierre-Olivier Busschaert ne tarit pas ses émotions : « C’est aussi un réel plaisir de terminer sans dégâts majeurs, sans voie d’eau, sans avoir eu recours à un hélitreuillage malgré les conditions très solides. Et ce que je ressens en deux mots ? Une joie folle ! ».


Les aventuriers de la mer celtique

Pour cette Rolex-Fastnet-Race-Cherbourg, l ’équipage de Djinn était composé de sept marins aguerris. Quatre d’entre eux sont instructeurs mer au Genval Yacht Club (GYC) : Sylvain Duprey, le skipper, Pierre-Olivier Busschaert, le co-skipper, Olivier Vierlinck et Pierre Giot. Dominique Binamé en est un ancien élève, Nuno Da Rocha Pinto, portugais expérimenté et Marine Garnier, la française de l’équipe, a été pêchée en dernière minute sur la bourse des équipiers de la course car un équipier avait une seconde session trop importante que pour pouvoir se permettre une participation à la course.