Rétrospective BW agroécologie 2023


 

On compte les vers de terre dans les parcelles agricoles

Dix-huit groupements d’agriculteurs en agroécologie (GAA) ont vu le jour en 2023 en Wallonie, dont un dans l’est du Brabant wallon.

Une vingtaine d’agriculteurs de Orp-Jauche, Ramilllies, Jodoigne, Hélécine et Perwez sont désormais réunis au sein d’un groupement favorable à l’agroécologie. Les GAA (Groupe d’Agriculteurs en Agroécologie) ont été créés en 2023 sous l’impulsion de la Ministre Céline Tellier. Ils sont 18 actuellement, et chaque groupe s’est constitué sur base de thématiques spécifiques telles que l’agriculture biologique de conservation des sols, l’autonomie alimentaire des animaux (fini les achats d’aliments), l’agroforesterie, la fabrication et l’essai de bio-intrants (purins d’orties et autres végétaux, enrobage de semences par du jus de composts, …). Les agriculteurs du GAA HORJ-PBW ont pour thème focus : le sol. Ses membres sont accompagnés dans leur transition économique et agroécologique par le Centre provincial de l'agriculture et de la ruralité du Brabant wallon (CPAR). La première action a été d’analyser les sols de manière complète et d’y compter les vers de terre. Premier constat : dans les fermes qui ont du bétail on dénombre davantage de vers de terre. En juillet les agriculteurs se sont réunis pour comprendre les résultats fournis par les analyses de sol et les comptages de vers de terre. Ils étaient entourés de spécialistes de ces deux matières. Messages clés de cette rencontre : pour favoriser le travail gratuit des vers de terre, il faut diminuer l’intensité du travail du sol et leur donner à manger. Un agriculteur du groupe s’est étonné : « Mon grand-père charruait et pourtant il avait beaucoup de vers de terre ». Réponse d’un autre agriculteur : « Oui mais il n'avait pas de rotative ! » Cet outil animé par la prise de force du tracteur qui émiette la terre (et ses habitants) avant le semis. Que mange un ver de terre ? Des résidus de matières organiques : du fumier et des couverts végétaux bien développés. Le GAA fait ensuite appel à une spécialiste française des vers de terre : Sarah Guillocheau est venue en novembre donner une formation, en salle et sur le terrain, sur le thème des vers de terre. Un succès : une cinquantaine de personnes – agriculteurs et conseillers agricoles – étaient là pour l’écouter.

Bilans carbone

A Perwez, la société Soil Capital a ouvert une autre entrée vers l’agroécologie : celle des bilans carbone. Les agriculteurs qui améliorent leur bilan sont rémunérés par des sociétés désireuses d’apporter leur pierre à l’édifice. En février, Soil Capital était à Paris pour le Salon international de l’agriculture.  L’occasion rêvée de convaincre de nouveaux clients. Pour le moment ils sont plus de 1000 agriculteurs dans le programme de Soil Capital sur trois pays (Belgique, France, Royaume-Uni). En Brabant wallon plus particulièrement, ils sont 23 à faire partie du programme.

Analyse d’un agriculteur du GAA HORJ-PBW

Cédric Delveaux, agriculteur à Ramillies où il s’est investi en politique, est également vice-président de la section brabançonne de la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA). « Après les longues journées isolé au champ, j’aime bien discuter avec les citoyens et m’intégrer ».

Il est content d’avoir intégré le GAA HORJ-PBW : « Ca démarre. Il y a de l’innovation dans les compétences des animateurs du GAA et des intervenants invités. Ca intéresse les gens. Le nombre de personnes présentes aux deux dernières réunions en témoigne. »

Il y a trois ans, Cédric Delveaux est entré dans le programme de Soil Capital qui lui calcule son bilan carbone annuel. « En décembre je vais passer pas mal de temps à envoyer mes carnets de champ, mes assolements, mes fumures, puis j’aurai le résultats au printemps. En espérant que je me serai amélioré cette fois-ci contrairement à l’année d’avant où le fait d’avoir arrêté le compost m’avait pénalisé ».

« Par contre je suis un peu désabusé vis-à-vis de la PAC, on est malmenés dans tous les sens, certains anciens conseillent aux jeunes de ne pas reprendre la ferme… On est dans une instabilité permanente, le moral des troupes est très bas, beaucoup de gens n’ont plus envie de venir aux réunions. Pour 2024 je souhaite avoir davantage de stabilité sur la manière avec laquelle nous sommes traités. Que ce soit par les administrations ou les acteurs de l’amont et de l’aval du secteur. »