Une variété à glaner… ou pas

Un glanage organisé par le GAL Culturalité. Les pommes de terre n’ont reçu aucun traitement fongicide.


Près de 120 glaneurs se sont succédés dans le champ de cinq hectares de Benoît Lempereur. « Ca fait longtemps que je voulais organiser un glanage. Quand j’étais petit c’était très fréquent. Aujourd’hui ça se perd » regrette le jeune agriculteur. « Je suis content que le GAL prenne l’organisation en charge car je n’ai pas les bases de données d’adresses pour réunir autant de gens. Il faut aller vite, les terres de pommes de terre ne restent disponibles que quelques jours avant le semis de la culture suivante, le froment. Et des pommes de terre il en reste toujours après la récolte. C’est dommage de gaspiller. En plus les pommes de terre qui restent au champ c’est ennuyant car elles repoussent, se multiplient d’années en années et deviennent une mauvaise herbe dans les cultures suivantes ».

Les pommes de terre de ce champ se retrouveront dans les étals des supermarchés. La variété Otolia est une  pomme de terre de consommation destinée au marché dit du « frais ». Elle peut convenir également pour confectionner des frites (elle ne va pas s’émietter dans la friteuse ou changer de couleur). La variété Otolia fait partie, avec une trentaine d’autres, de la liste belge des variétés robustes bio pour 2022. Le champ de Benoît Lempereur n’est pas cultivé selon le cahier des charges de l’agriculture biologique mais il trouvait intéressant de planter cette variété dans un champ situé en plein milieu du village. Pari gagné, grâce à un été sec et à la robustesse de la variété choisie, ce champ de pommes de terre n’a reçu aucun traitement fongicide.

Attention ! Une pomme de terre n’est pas une autre. De nombreuses variétés de pommes de terre sont cultivées pour l’industrie et destinées à être transformées (en chips, purée, fécule, …).  Les variétés sensibles au mildiou, une année pluvieuse, peuvent recevoir jusqu’à vingt traitements fongicides sur la saison. En outre, le champ sur lequel on aurait voulu glaner peut avoir été traité en prévision de la culture suivante. Donc même si la glanage est autorisé depuis le moyen-âge, il vaut mieux en parler à l’agriculteur concerné et l’interroger sur la destination de la culture. Les champs ne sont pas des potagers à ciel ouvert.

Pour être prévenu des prochains glanage organisés dans l’Est du Brabant-wallon ou pour proposer un champ à glaner : glanage@culturalite.be

Que dit la loi ?

En Wallonie, le glanage est encadré par une loi de 1886 inscrite dans le code rural. Il y est dit que « Le glanage et le râtelage, dans les lieux où l’usage en est reçu, ne peuvent être pratiqués que par les vieillards, les infirmes, les femmes et les enfants âgés de moins de douze ans et seulement sur le territoire de leur commune, dans les champs non clos, entièrement dépouillés et vidés de leurs récoltes, et à partir du lever jusqu’au coucher du soleil. Le glanage ne peut se faire qu’à la main ; le râtelage avec l’emploi du râteau à dents de fer est interdit. »

Dans la pratique, tout le monde est autorisé à glaner sur le territoire belge, sauf si un arrêté municipal l’interdit. La condition à respecter est que le ramassage doit se faire à la main.

Certains producteurs organisent eux-mêmes ce type d’opération. Plusieurs GAL ont organisé des glanages avec succès :  Burdinale-Mehaigne, Plaines de l’Escaut, Jesuishesbignon, entre Sambre et Meuse, Culturalité enHesbaye brabançonne.

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Cet article a été publié dans L'Avenir Brabant-wallon du 14 octobre 2022.