Terre en vue pour Lisa-Marie

Maraîchère, Lisa-Marie Herman vient d’accéder à son rêve en obtenant la mise à disposition de 0,9 hectare à Bomal.

 


Cela faisait longtemps qu’elle l’attendait et qu’elle s’y préparait. Après un parcours de cinq années à se démener pour à la fois produire des légumes et se constituer une clientèle locale, Lisa-Marie Herman (Au Pré-Madame) vient d’accéder au graal tant recherché en agriculture : l’accès au foncier !

Historienne de l’art de formation, Lisa-Marie n’est pas issue du monde agricole. Ce type de nouveau cultivateur est décrit par l’acronyme NIMAculteur (pour « Non Issu du Monde Agricole »). Après avoir cherché en vain à travailler dans son domaine et suite à une dépression, elle fait le grand saut en 2016. « Après ces difficultés et une prise de conscience, j’ai commencé les démarches pour créer mon entreprise » explique la Orp-Jauchoise (Folx-les-Caves). Accompagnée par la couveuse d’entreprise Créa-job (lire l'article de L'Avenir publié en 2018), elle fait ses premiers pas de maraîchère sur un terrain prêté par un particulier, rue du Pré-Madame à Autre-Eglise. Son nom d’activité était né : « Ferme du Pré-Madame » qui deviendra plus tard suite au changement de lieu : « Au Pré-Madame ». En 2017 l’opportunité se présente d’intégrer l’Espace-test maraîcher de Beauvechain qui était alors en construction, et issu d’une collaboration entre le GAL Culturalité et Créa-Job. 40 ares sont mis à sa disposition ainsi que des infrastructures comme une serre (non-chauffée, tient-elle à préciser) ou de l’irrigation et les machines et outils nécessaires à la pratique du métier de maraîcher. Cet accompagnement a une durée maximale de deux ans et entre-temps, les aléas des relations humaines lui avaient imposé de mettre un terme à la collaboration avec le propriétaire de la rue du Pré-Madame après deux ans. La voilà maraichère sans terre ! « C’est pas facile de trouver une terre à cultiver en Brabant-wallon. Toutes les terres sont prisées par les agriculteurs et quand un propriétaire n’est pas agriculteur, il préfère la louer pour en faire des pâtures à chevaux car c’est plus rentable ou la laisser en friche pour ne pas être coincé avec le bail à ferme » résume la nimacultrice.

Fin 2018, elle trouve une possibilité de cultiver 10 ares à Bomal (Ramillies), c’est trop peu pour pouvoir produire suffisamment de légumes et en vivre. En complète transparence avec ses clients, elle complète son offre avec des légumes qu’elle va chercher chez des producteurs locaux, dont un agriculteur de Jauche, Eddy Hermans, qui cultive, entre autres, deux hectares de légumes bio. Au fur et à mesure des discussions entre l’agriculteur et la maraîchère, des envies communes émergent.

« On s’est entendu sur  nos plans de culture. Il est équipé en machines, il produit les légumes qui demandent beaucoup de place et dont la culture est mécanisable (pomme-de-terre, carottes, oignons, poireaux, choux, salades, …), ce qui me laisse le loisir de développer de nombreuses autres productions plus pointues. Je produis des légumes dans de plus petites quantités et à la main (radis, arroche, salsifis, artichauts, haricots, …), ainsi que des primeurs. Je me charge aussi de la vente au particulier tous les samedis à la ferme et je l’aide ponctuellement pour ses travaux au champ. On est très complémentaires, dans le travail et dans notre personnalité. C’est Eddy qui a préparé ma nouvelle terre. »

Une herboriste partagera le nouveau terrain de jeu de Lisa-Marie qui envisage aussi d’accueillir des formations et des chantiers participatifs afin de continuer de nouer des liens avec les « mangeurs ». L’aventure ne fait que (re)commencer. Les ventes de légumes ont lieu tous les samedis de 11h à 16h à la ferme du Tri al Mé, rue du Tri al Mé 3 à Jauche.

A qui appartient la terre ?

A cette question, le mouvement Terre-en-Vue a sa réponse et n’en démord pas. Sa vision : la gestion de la terre qui nous nourrit est l’affaire de tous ceux qui mangent, et la terre affectée à l’agriculture doit garder sa fonction nourricière. L’association s’est ainsi donné pour mission de faciliter l’accès à la terre et de soustraire les terres de la spéculation foncière tout en préservant l’environnement.

Une coopérative permet à chacun d’acheter des « parts de terre ». Avec cet argent, Terre-en-Vue achète des terres et les met à disposition de projets agroécologiques. Un peu comme un placement à long terme à la banque sans intérêt. Mais vu les intérêts nuls en banque de ce moment, on n’y voit plus trop la différence point de vue financier si ce n’est qu’ici, on sait exactement à quoi sera utilisé notre épargne. Chaque coopérateur peut choisir le projet auquel il souhaite contribuer et même s’y impliquer s’il le souhaite.