Cultiver la pomme de terre autrement et protéger le sol

C'est une première en Belgique et ça s'est passé à Villers-la-Ville. Un agriculteur a créé ses buttes de pomme-de-terre 7 mois avant d'y planter ses plants de patates ! Il y a ensuite semé un couvert d'espèces variées qui couvriront son sol tout l'hiver. Limitation de l'érosion, protection de la vie du sol en sont les principaux avantages. Le journal L'Avenir y consacre une pleine page. Ca s'est passé chez Guibert Dumont de Chassart.

Cultiver la PDT autrement
 

 

Cultiver la pomme-de-terre autrement

Guibert Dumont de Chassart cultive la pomme-de-terre sans labourer le sol. La technique limite fortement l’érosion mais elle n’est pas si simple.

Guibert Dumont de Chassart est agriculteur depuis 30 ans. Il exploite 200 hectares avec son frère sur les terres de Villers-la-Ville et de Fleurus. Il cultive également pour le compte de tiers, ce qui amène la superficie travaillée à 320 hectares dont 80 en pomme-de-terre. Ces surfaces, il les gère depuis 15 ans selon les principes de l’agriculture de conservation des sols c’est-à-dire qu’il limite tout ce qui nuit à la vie du sol afin que la nature puisse travailler un maximum pour lui. « Mon objectif est de protéger la vie du sol et de limiter l’érosion » explique Guibert devant l’audience agricole réunie sur son champ. « Je souhaite donc travailler le moins possible mes sols, mais en pomme-de-terre, ce n’est pas évident ».

La technique classique en pomme-de-terre consiste à réaliser les buttes au printemps et à y planter les plants de pomme-de-terre. Il faudra alors attendre environ trois semaines avant qu’une végétation ne sorte du sol. Pendant ce temps, les champs sont extrêmement sensibles à l’érosion. La terre est toute fine, à nu, sans protection. Les buttes forment entre elles des canaux où s’engouffrent et s’accélèrent les pluies potentielles. Guibert a testé une autre technique :

il a formé ses buttes à la fin de l’été précédent ! Il a ensuite semé sur celles-ci à la volée un mélange de graines qui formera un couvert protecteur de son sol. Ce couvert gèlera en hiver et se compostera naturellement à la surface. Au printemps, il sème dans les résidus morts de ce couvert. La butte est ainsi protégée par un paillage naturel et enrichie par les débris des végétaux en décomposition. Le défi était de s’assurer que la culture réagirait bien à cette nouvelle pratique et qu’elle lui apporterait le rendement et la qualité nécessaires.

Via Greenotec, il a donc sollicité un conseiller technique spécialisé de la pomme-de-terre pour suivre sa culture tout au long de sa croissance. Pierre Ver Eecke, travaille à la FIWAP, ASBL basée au centre de recherche agronomique de Wallonie. Il rassure l’audience : « J’avais peur d’une attaque de rhizoctone, mais nous n’en avons pas eu. Son travail en non labour est très bien fait. Ses rendements sont bons. Dans l’essai comparatif, il est dans le podium de tête ».

Maxime Merchier, le coordinateur de l’ASBL Greenotec, se montre plus que satisfait. « Lorsque l’on éprouve une nouvelle technique, on peut être satisfait si on n’a que 15 % de perte de rendement. Ici on n’en a même pas, c’est super ! »

Et l’avis du conseiller de la FIWAP ? « Concernant la durabilité du système en pomme-de-terre, pour moi, le labour ne pose pas de problème. Que ce soit pour des questions environnementales ou pour le rendement de la culture, les techniques actuelles sont éprouvées et fonctionnent bien. Le non labour en pomme-de-terre ne fonctionnera que si l’on maîtrise sa technique ».