L'agriculture évolue

En 30 ans, l'agriculture a beaucoup évolué. L'analyse de Jean Marot résume bien la situation. Aujourd'hui plus que jamais, il faut faire confiance aux agriculteurs.

 

L’agriculture est en transition

L’agriculture a beaucoup évolué ces trente dernières années. Etre agriculteur aujourd’hui est un métier différent de celui de nos grands-parents.

Jean Marot est ingénieur agronome au service d’étude de la FWA. Il nous livre son analyse en quatre volets.

  • Côté économique : les quotas instaurés il y a plus de 30 ans ont disparu. Les agriculteurs sont maintenant soumis aux prix mondiaux eux-mêmes influencés par les événements climatiques et surtout par la spéculation. Une année le prix des céréales est élevé et rémunérateur, une autre il chute sans que l’agriculteur n’ai pu le prévoir au moment du semis. Jean Marot, pragmatique et clairvoyant, explique les conséquences de cette volatilité des prix : « l’agriculteur n’a pas une vision très précise sur ce que seront les 20 années à venir, il ne sait plus investir sereinement ». La nouvelle mouvance est aux circuits-courts. La vente à la ferme et les paniers de légumes sont une manière de conserver la marge bénéficiaire de ses productions. « Ca ne va pas fonctionner partout » analyse Jean Marot. « Il faut d’abord un bon emplacement et un public réceptif ainsi qu’un feeling avec le client. C’est un autre métier. Les volets commercial et sanitaire s’ajoutent. »

  • Côté réglementaire, depuis la réforme de la PAC de 1992, de nombreuses législations environnementales, auxquelles doit se soumettre tout agriculteur pour avoir droit aux aides, ont été introduites. « A un moment ça bloque l’esprit d’initiative des agriculteurs, même certaines initiatives à la base bonnes pour l’environnement ne peuvent être réalisées car elles ne rentrent pas dans le cadre réglementaire » s’étonne Jean Marot. « Les législations sont nombreuses ainsi que les niveaux de pouvoir (européen, fédéral, régional, communal). Les règles sont basées sur des dates fixes alors que l’on travaille avec du vivant. Une année n’est pas l’autre. » En ce moment par exemple, la sécheresse diminue la croissance des prairies et les vaches n’ont plus suffisamment à manger. Fin mai, la FWA demande une dérogation afin de pourvoir utiliser les zones de MAEC normalement soumises à une fauche tardive. Deux semaines pour que la Région wallonne accorde la dérogation et une semaine de plus pour que l’Europe l’avalise. C’est trop tard. Le fourrage s’est desséché et a perdu sa qualité alimentaire. Jean Marot clame « il faut faire confiance aux agriculteurs, ils ont un paquet d’idées. Des gars qui travaillent mal, il y en a dans toutes les professions. Il ne faut pas baser toute la réglementation sur ceux-là. La paperasse est très lourde à gérer pour les agriculteurs. Il leur faudrait une secrétaire à mi-temps ».

  • Côté climatique, l’agriculture est un des rares métiers dépendant à 100% de celui-ci. Il est nécessaire de trouver de nouveaux modes de culture permettant d’affronter les dérèglements du climat : sécheresse, gel au printemps, orages diluviens.

  • Côté médiatique, Jean Marot conclut « la profession a l’impression d’être à la base de tous les maux : bruit, pesticides, consommation d’eau, surproduction de viande, … Le grand public a une perception très éloignée de la réalité du métier d’agriculteur ».