L'agriculture de conservation des sols tient son 1er festival en Belgique

 


L'agriculture de conservation des sols tient son premier festival en Belgique

Pour célébrer ses 10 ans d'existence, l'ASBL Greenotec organise le 16 juin le premier Festival belge de l'Agriculture de Conservation.

Guibert Dumont de Chassart est agriculteur depuis 30 ans. Il exploite 200 hectares avec son frère sur les terres de Villers-la-Ville et de Fleurus. Il cultive également pour le compte de tiers, ce qui amène la superficie travaillée à 370 hectares. Ces surfaces, il les gère selon les principes de l’agriculture de conservation depuis

une quinzaine d’années. A l’époque il avait beaucoup de problèmes de repousses des pommes-de-terre qui remontaient à la surface avec le labour. En outre ses sols n’avalaient pas bien l’eau qui tombait du ciel à l’occasion des orages, des poches d’eau se créaient au milieu des champs et ses grandes surfaces en pente légère étaient soumises à l’érosion. Il était également motivé à améliorer son rendement financier et à diminuer la main d’œuvre. Le labour est une activité très énergivore en carburant et en main d’œuvre, l’abandonner fut vite décidé. Un nouveau sillon se traçait pour lui : celui de la recherche de nouvelles connaissances, de l’observation de son sol et de l’adaptation.

Il y a 10 ans quand le premier coordinateur de l’ASBL Greenotec, Sébastien Weykmans, lui propose d’entrer dans le conseil d’administration de l’association, il n’hésite pas. Donner de son temps pour une telle association est enrichissant pour tout le monde. « Mon but quand je suis devenu administrateur de l’ASBL Greenotec, était d’échanger avec les collègues et de partager nos expériences » nous dit Guibert Dumont de Chassart. Aujourd’hui il met sept de ses hectares à disposition de différents partenaires pour créer une vitrine des techniques de conservation des sols. « Pour les 10 ans de Greenotec, nous voulions marquer le coup » ajoute ce TCiSte comme ils s’appellent dans leur jargon (TCS pour Techniques de Conservation des Sols), et de continuer « le message que je veux faire passer à tous les agriculteurs est qu’il est important de s’informer sur les choses originales qui se font, de réfléchir à ce que l’on fait, de partager nos expériences : nos réussites tout comme nos échecs. »

Ce festival a pour objectif de couvrir les thématiques en lien avec l’agriculture de conservation des sols tant au niveau de la recherche agronomique (plantes compagnes, couverts végétaux, semis direct, TCS, strip-till, compaction des sols…), que du conseil agricole ou de l’agrofourniture spécialisée (semences, fertilisants, pneumatiques,…). Des conférences et des démonstrations de machines innovantes sont également au programme (semoirs, travail de sol, désherbage mécanique, destruction de couverts,…). Rendez-vous est fixé le jeudi 16 juin 2016 entre 9h30 et 18h, rue de Chassart à Villers-la-Ville.

AC pour Agriculture de Conservation : des techniques en plein essor pour améliorer la fertilité des sols dans le respect de l’environnement.

L’agriculture de conservation de quoi ou de qui ? Encore une nouvelle expression à la mode ? Avec l’agriculture durable, raisonnée, intégrée, écologiquement intensive, l’agriculture bio voire bio-dynamique et la permaculture, il y a de quoi y perdre son latin !

L'agriculture de conservation, également connue de manière incomplète sous l'appellation "agriculture sans labour" est appliquée en Brabant wallon depuis une quinzaine d'années, parfois davantage chez certains. Il y a entre-autres, Claude Henricot à Mont-st-Guibert, Nicolas Braibant à Corroy-le-Grand, Benoît Vandevoorde à Court-st-Etienne, Guibert Dumont de Chassart à Villers-la-Ville, et j'en passe. Ils sont plus d’une centaine en Brabant wallon.

Pour faire simple, s'il ne fallait retenir que trois éléments : on ne laboure plus, on couvre le sol en permanence et on réfléchit à la rotation des cultures. L'idée est d'amplifier les services offerts par la nature : les vers de terre labourent à la place de la charrue et du diesel, les associations de plantes s'auto-protègent les unes les autres et diminuent la nécessité des produits phytopharmaceutiques. Le sol est vivant : il est riche en faune tel qu'insectes, vers de terre, etc et en bactéries, champignons,... Il ne sert plus juste à porter une plante qu'on dope à grandes doses d'engrais et de produits phytopharmaceutiques mais devient le véritable garde-manger et la pharmacie naturelle de la culture.

C'est cette approche agricole qui a été présentée dans le film "Demain". Cette nouvelle agriculture "intelligente" ne peut pas être certifiée bio car elle utilise encore les produits utilisés en agriculture conventionnelle, mais elle s'en rapproche doucement avec pour leit-motiv d’améliorer la vie des sols. Ici pas de cahier des charges, tout est autorisé. On est plutôt dans une agriculture de neurones où on réfléchit à ce que chacun de nos gestes sur la parcelle a pour conséquence sur la culture et le sol. On teste, on innove, on tâtonne, on partage ses expériences. L’avenir de l’agriculture, c’est le cerveau des agriculteurs !

www.agriculture-de-conservation.com


 

Du glyphosate, mais moins.

La présence permanente d’un couvert végétal est une arme efficace contre l’érosion des sols et l’invasion des mauvaises herbes.

L’agriculture de conservation promeut une couverture du sol constante (pendant toute l'année et sur toutes les terres). Entre deux cultures principales, pas question de laisser la terre nue. Elle serait alors soumise à l’impact des gouttes de pluie qui refermeraient la terre sur elle-même (diminution de structure) et anéantiraient l’effort d’avoir obtenu un sol plein de petits espaces pour stocker l’eau, et de trous pour les racines. Les promoteurs de cette agriculture vont même plus loin en insistant sur l’importance d’associer différentes espèces de couverts et de soigner leur implantation afin de maximiser leur poussée durant l’automne. En agriculture traditionnelle, les couverts semés après les moissons sont classiquement détruits en novembre par la charrue. Ici on ne laboure pas le couvert pour l’enfouir dans le sol, on le maintien tout l’hiver jusqu'à ce que mort s'en suive et on sème au printemps, directement dans les résidus du couvert mort.

La mort du couvert, c’est exactement là que le bât peut blesser. Si l’hiver n’est pas assez rude et que le couvert a beaucoup ou trop peu poussé, il n’est pas toujours complètement mort au printemps au moment de semer la culture suivante. C’est là qu’intervient le fameux Round up (glyphosate), herbicide total hautement décrié ces derniers temps pour ces effets cancérogènes probables. Les agriculteurs utilisant les techniques de conservation des sols sont conscients de la nuisance de cet herbicide. Ils l'utilisent à des doses plus de deux fois moindre que ce que recommandent les firmes et diminuent encore les quantités d'année en année en affinant leurs techniques. D’autres ont trouvé une parade, parfois partielle, en couchant les couverts l’hiver afin de faciliter la pénétration du gel ou en les broyant afin d’obtenir une sorte de paillage. Des recherches sont également en cours pour la mise au point d’un herbicide biologique (le Beloukha®).

La solution miracle n’existe pas encore mais chacun expérimente. On va dans la bonne direction.

Greenotec : une association gérée par les agriculteurs

L’objet principal de l’ASBLGreenotec est de rechercher et de diffuser des solutions innovantes et concrètes aux problèmes pratiques que les agriculteurs rencontrent dans l’adoption de l’agriculture de conservation des sols. Cette association se veut proche du terrain, elle est à l’écoute des souhaits et besoins des agriculteurs. Les expérimentations sont mises en place en conditions réelles, chez ces derniers. Les conseils fournis sont indépendants de toute démarche commerciale.

Le conseil d’administration de l’association est uniquement composé d’agriculteurs et de son coordinateur, Maxime Merchier, employé à temps plein. Afin de coordonner les actions de cette ASBL, la Wallonie octroie chaque année une subvention à Greenotec.

Maxime fait partie de la première promotion du master intitulé « De l’agronomie à l’agroécologie » qu’il a terminé en 2011 à Paris. Depuis tout petit, il s’intéresse à la nature et passe beaucoup de temps avec son grand-père dans la ferme familiale du Nord de la France. Pour lui, environnement et agriculture ne font qu’un. Quand il apprend que le poste de coordinateur d’une ASBL qui promeut l’agriculture de conservation se libère en Belgique, il n’hésite pas et postule. C’est ainsi qu’en 2012, il démarre son premier job de coordinateur de l’ASBL Greenotec.

« Aujourd’hui, nous annonce fièrement Maxime, avec l’expérience acquise par les agriculteurs engagés en agriculture de conservation et suite aux recherches menées par des associations comme Greenotec, nous sommes capables de cultiver toutes les cultures sans utiliser de charrue. Seules des impasses au niveau du désherbage peuvent éventuellement contraindre un agriculteur à retourner son sol. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’en agriculture bio il est difficile d’appliquer le non labour du sol qui est un des trois piliers de l’agriculture de conservation ; avec tous les effets indésirables que le labour peut avoir sur le sol (érosion, perturbation de la biodiversité…) ».

Le rêve de Maxime : avoir les moyens d’embaucher une personne supplémentaire. Expérimenter, vulgariser, conseiller les agriculteurs sur le terrain, le travail et les idées ne manquent pas.

www.greenotec.be


Vous aussi pratiquez l'AC dans votre potager

Vous aussi pratiquez l’agriculture de conservation dans votre potager. Un jardin sans se fatiguer à bêcher, c’est possible et c’est tout bon pour la vie du sol, comme le recommande l’ingénieur agronome français Dominique Soltner dans son dépliant « Un jardin sans travail du sol » disponible sur internet. Dans un coin du jardin, étalez en fin d’été, des tontes de pelouse, des feuilles ou du broyat de branches. Au printemps suivant, sous ce paillage, l’herbe aura fondu, digérée par la faune du sol. Vous obtenez une terre meuble prête à être semée.


Une agriculture anti-inondation

Un champ de froment labouré avant le semis, l’autre cultivé en agriculture de conservation. Lors d’un orage, une ravine se forme dans le premier champ, la terre fertile est emportée, c’est l’érosion. Sans le champ en agriculture de conservation, l’eau et la boue auraient inondé la zone en contre-bas.