COWES WEEK 2015 : des belges sur le podium !


 

Chaque marin se doit de faire une fois dans sa vie un pèlerinage à la Mecque de la voile : Cowes !

L’équipe de voile d’IBA et son Archambault 35 ne se sont pas fait prier pour y retourner une deuxième fois après leur première participation en 2014 et sont revenus avec le graal : une place sur le podium dans leur classe IRC.

Yachting Sud a rencontré l’équipe sur son lieu de travail à Louvain-la-Neuve, l’occasion pour elle de nous confesser les secrets de cette ascension si rapide.

 

L’événement vélique le plus connu mondialement

A l’occasion de la fameuse « Cowes Week », l’Île de Wight, au Sud de l’Angleterre, rassemble chaque année pendant une semaine plus de 1000 bateaux venus du monde entier, réunis pour régater durant huit jours sur les mythiques plans d’eau du Solent. Des dériveurs aux Big Boats, en passant par les voiliers de croisière, la Cowes Week réunit un panel de 8500 marins, des plus amateurs aux plus grands professionnels. Quarante courses par jour sont organisées en différents lieux du Solent. Autour des régates, les soirées, concerts, festivités s’étalent sur toute la semaine. Dans toute la ville c’est l’effervescence jusqu’au feu d’artifice final.

L’Aberdeen Asset Management Cowes Week est l’une des régates les plus mondialement connues.

 

Un peu d’histoire

La Cowes Week est la course et l’événement sportif le plus célèbre du Royaume Uni. Elle a lieu chaque année, début août, depuis 1826. La première course comptait sept bateaux et s’est jouée pour une coupe en or de £100. Le début du 20ème siècle a vu l’événement rassembler des bateaux de 15, 19 et 23 m de long. Dans les années ’30, les classes des J/boats ont suivi. En 1957, le Royal Ocean Racing Club (club londonien organisateur de la Fasnet Race) a apporté un aspect international à l’événement en organisant, pendant cette semaine, la première Admiral Cup. En 1964, les septs clubs de voile organisant des régates durant l’événement se sont réunis en une organisation unique. Depuis, la célèbre ligne de départ du Royal Yacht Squadron devint la ligne de départ universelle.

Cowes Week a énormément évolué. Le nombre impressionnant de bateaux et le mélange des designs classiques et ultra-modernes donne à la régate un aspect unique. La ligne d’arrivée commune pour toutes les régates et la plupart du temps passée sous spi, permet aux spectateurs de participer pleinement à l’événement le long de la plage près du petit château du Royal Yacht Squadron.

 

En pratique

Ceux qui ont déjà navigué dans le Solent ont pu remarquer la quantité innombrable de bouées jaunes (marques spéciales dans le code maritime) portant chacune des noms célèbres tels que : RORC, Artemis, Wight Vodka, Cowes Radio, Craftinsurance, Bainbridge, Fastnet Insurance, …

Ces bouées ne sont autres que des marques de parcours pour les régates locales et la Cowes Week. Elles peuvent changer de place et de nom chaque année. Il ne faut donc pas s’y fier pour la navigation si l’on ne dispose pas d’une carte récemment mise à jour.

Lors de la Cowes Week, les départs s’échelonnent de 9h30 à 12h. Plusieurs zones de départ sont délimitées sur l’eau. Les flottes sont averties le matin par VHF (et, nouveauté récente, par sms également) de leur zone de départ et du parcours. Ce dernier n’est connu que dix minutes avant le départ. Il est donc essentiel d’avoir à bord une personne attitrée à la navigation. Tous les parcours sont des côtiers d’une durée d’environ 4h. Vers 16h tout le monde est donc au port et peut profiter des événements à terre une fois le débriefing et les éventuels ajustements techniques réalisés.

 

Castel one to all black group boat. The starting line today is the fixed line at Royal Yacht Squadron.

The race for IRC 4 is as follows : 3 Lima round to starboard, 3 Kilo round to port, 3 Alpha round to port, 3 Delta round to port, and the finish line 80.

We are sorry about the rain. Be careful as the current is 2.5 on the starting line. Have a good race.

Five, four, three, two, one, zero. Tuuuuut. This was the preparatory signal for IRC 4.

Les belges de l’édition 2015

Trois bateaux participants aux régates de la côte belge se sont déplacés jusque Cowes cette année :

-        Amaris II, Archambault 35, skipper : Akis Effraimidis. Termine 3ème en IRC 4

-        Black Pig, JOD 35, skipper : Geoffroy Van Lede. Termine 17ème en IRC 4

-        Tontin, Archambault 35, skipper : Wouter Borghijs. Termine 29ème en IRC 4

Tontin n’a participé qu’à une régate avec son équipage comprenant cinq enfants âgés de 6 à 11 ans. Expérience fantastique et passionnante pour les parents.

Black Pig et son propriétaire Geoffroy Van Lede n’ont pas failli à leur réputation d’épicuriens de la régate. Ils sont là avant tout pour prendre du bon temps et profiter à fond de la mer et de l’after mer…

Amaris II et son équipage d’employés de la société IBA a créé l’exploit. Après seulement deux années de compétition sur le circuit belge, les voilà sur le podium d’un événement vélique de renom international. Mais quel est donc leur secret ?

 

IBA sailing team

IBA sailing team est une équipe de voile formée exclusivement d’employés de la société néo-louvaniste bien connue IBA, spin off de l’UCL créée il y a 30 ans et devenue leader mondial dans le développement de technologies innovantes pour le diagnostic et le traitement des cancers. Ayant démarré à une dizaine, ils sont maintenant 1100 employés de par le monde dont 500 en Belgique. Quelques-uns des employés belges d’IBA se sont regroupés pour former une équipe de voile qui, à l’image de leur société, a su prouver en très peu de temps qu’avec une grande  motivation, de la rigueur, du travail et un paquet de neurones,  on pouvait rapidement devenir leader de son secteur.

 

C’est donc cela leur secret ?

Trois hommes, un bateau, une équipe. Voilà les ingrédients de la recette. Mais pas de n’importe quelle origine les ingrédients…

Trois hommes ayant des compétences avérées en voile :

-        Akis Effraimidis, le skipper, coach et barreur, ancien champion grec de dériveur, ayant fait partie du comité olympique grec pour l’organisation des compétitions de voile lors des J.O. d’Athènes. Il ne ménage pas son équipage, en régate, en entraînement et à terre. Après chaque régate, il analyse tout en débriefing. Aussi, tous les lundis midi au bureau, l’équipe se réunit afin de débriefer les régates, les entraînements et les contenus théoriques qu’il envoie aux équipiers.

-        Gabriel Krier, initiateur de l’idée de base, propriétaire d’un JOD 25 sur lequel l’équipe a fait ses premiers pas en régate et a attrapé le virus de la voile. Gabriel est un fan des vecteurs vent, vitesse, courants, gîte, ... Sur l’eau, sous l’eau, à terre, tous les éléments se combinent dans son cerveau, sa tablette et ses logiciels pour en sortir une tactique gagnante.

-        Olivier Legrain, CEO d’IBA et propriétaire du voilier ; deux traversées de l’Atlantique à son actif, a déjà possédé plusieurs bateaux dont un multicoque ; il règle la grand-voile à bord.

Un voilier : un Archambault 35 acheté d’occasion en excellent état et équipé full régate (17 voiles fournies à l’achat…). L’équipe a continué d’y apporter des améliorations techniques facilitant la rapidité des manœuvres en régate.

Une équipe de dix employés d’IBA, dont la moitié possédait, il y a deux ans, une expérience nautique très basique. Pour compenser cela : une énorme motivation, un engagement et une régularité sans faille (chacun passe annuellement en moyenne 30 journées sur le bateau). Et pour combler le manque de feeling sur l’eau, l’équipe dispose des qualités intellectuelles nécessaires pour emmagasiner et traiter un maximum d’informations techniques (ils sont tous ingénieurs !).

En résumé : une écurie rôdée et un pur sang BAC +50

 

[Insérer photo de l’équipe] Légende : De gauche à droite : Vincent Collignon, Olivier Vierlinck, Akis Effraimides, Sébastien De Neuter, Géry Gevers, Olivier Legrain, Bao Nguyen.

Un business model win-win porteur de sens

Faire de la voile habitable en compétition cela coûte très cher. Et même si l’équipage a un grand rôle à jouer sur les résultats, ne nous voilons pas la face, le bateau et son niveau d’équipement sont des éléments primordiaux si l’on veut accéder au podium. Un jeu de voiles récentes comportant trois spis, trois voiles d’avant et une grand-voile ainsi qu’un ancien jeu de voiles pour les convoyages sont un minimum. S’ajoute à cela l’accastillage, l’équipement électronique et informatique. Le budget annuel moyen de fonctionnement d’une équipe de régate naviguant sur un voilier de 10 à 12 mètres tourne autour de 30.000 €. Et cela sans prendre en considération l’achat du bateau.

Soit on a les moyens financiers, soit, et c’est le cas chez IBA, on est créatif et on imagine un business model innovant.

Les équipiers cotisent chaque année à hauteur de 600 € et financent eux-mêmes leurs équipements vestimentaires. Le reste des apports financiers provient du sponsoring extérieur à IBA. Les sociétés approchées sont les sous-traitants de l’entreprise. Mise moyenne de 1000 à 7500 €.

Le deal pour les sponsors : une visibilité sur le bateau et sur des événements caritatifs contre le cancer. En effet, la part de budget non utilisée par l’activité voile est doublée par IBA et reversée à des associations œuvrant pour soutenir les malades du cancer.

Cette démarche s’inscrit pleinement dans la vision de l’entreprise « Protect, enhance and save lives » et apporte ainsi un sens supplémentaire fort et porteur au projet (la raison initiale restant évidemment de faire de la voile).

La motivation du personnel d’IBA : rechercher un maximum de sponsors afin de dépasser la proportion 50 / 50 de la part du budget reversée aux associations. En 2014, 73% des apports des sponsors ont servi à financer l’activité voile, 27 % (soit près de 18.000 €) ont été reversés aux associations caritatives.

 

Scission entreprise et équipe voile.

La société IBA met un point d’honneur à ne pas mélanger affaires et loisirs.

Si le bateau appartient à titre privé au CEO de la boîte, il le met gracieusement à disposition de l’équipe. Le deal : le budget de l’équipe prend en charge les frais de fonctionnement et de maintenance du bateau.

En outre, le rôle de skipper – barreur n’a pas été attribué au propriétaire du voilier, CEO d’IBA, mais à l’homme compétent en la matière : Akis.

« A bord, ça gueule, mais ce ne sont pas les mêmes qu’au bureau qui ont le dernier mot. Pour améliorer la communication sur le bateau en régate, on m’a nommé répétiteur », nous avoue Bao, piano et webmaster de l’équipe.

Les logos de l’entreprise et de l’équipe de voile sont différents. Seul un des spis porte le logo d’IBA,  unique apport financier direct de la société. Le reste du budget provient des sponsors.

 

Success story répétée d’IBA

Et finalement, il n’y a pas de secret : travailler, s’entraîner, progresser, être régulier, donner de son temps pour l’équipe et pour la bonne cause, être motivé par des valeurs qui vont au-delà du projet de base, innover pour trouver des financements, telles sont les clés de la réussite qui mènent naturellement au succès sans l’avoir recherché à tout prix. Bravo IBA !

 

 

Vous aussi, venez jouer dans la cours des grands

Pour découvrir, pour progresser, pour faire la fête, … les motifs ne manquent pas pour participer au moins une fois dans sa vie de marin à Cowes Week. Une préparation théorique préalable et un équipage motivé ayant goûté au petit monde de la régate sont amplement suffisants pour faire le pas. L’école de voile mer du Genval Yacht Club peut vous proposer un module théorique de préparation à Cowes Week sur une journée. Infos : gyc.voile.mer@gmail.com