Un insecte qui élimine les limaces et les mauvaises herbes

Favoriser les "auxiliaires", ces insectes et autres bestioles qui aident l'agriculteur dans sa tâche de production agricole, c'est un pari fou pour certains, une évidence pour d'autres. Cet agriculteur a stoppé son utilisation d'anti-limace et d'insecticides et diminué drastiquement les fongicides dans le but de faire travailler la nature pour lui.

Mais qui est cet insecte miracle qui dévore limaces et graines d'adventices ?
Et qui est cet agriculteur qui lui fait confiance ?

Article publié dans L'Avenir Brabant wallon.

Réduction des pesticides

Réduction des pesticides



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Plus de détails sur le rôle agroécologique des carabes dans la  revue TCS : un article écrit par la journaliste française, biologiste et ingénieur agronome Cécile Waligora.

Je ne mets plus d’anti limace depuis 17 ans

Des agriculteurs pratiquant l’agroécologie, des chercheurs et des conseillers agricoles ont échangé leurs connaissances avec le public.

« Ca fait 17 ans que je ne mets plus d’anti limace sur ma ferme et je n’en ai pas ! Les carabes s’en chargent. Je ne mets plus d’insecticides depuis cinq ans, je diminue l’utilisation de fongicides car je veux préserver les mycorhizes. » C’est en ces mots que Claude Henricot, agriculteur à Corbais attire la stupéfaction de la centaine de visiteurs venus des quatre coins de la Wallonie pour visiter sa ferme vendredi dernier.

Les carabes, on en a tous déjà vus. Ce sont ces petits scarabées noir allongés : des insectes, de la famille des coléoptères. Qui l’eut cru que ces petites bestioles mangeaient… des limaces. Et elles ne s’arrêtent pas là. Il existe trois « familles trophiques » de carabes : les carnivores, les omnivores et les granivores. Ces dernières dévorent les graines d’adventices (les mauvaises herbes). Une étude a montré qu’ils étaient capables de manger jusqu’à 4000 graines par mètre carré et par jour !

Favoriser la biodiversité et avec elle, la présence de carabes sur la ferme, voici donc une méthode parmi tant d’autres que recèle la boîte à outils de l’agroécologie qui est l’application de l’écologie à l’agriculture. Ses grands principes : recycler les matières végétales, prendre soin du sol, éviter les pertes de ressources, amplifier les services rendus par la nature, favoriser la diversité des espèces et last but not least, assurer aux agriculteurs une autonomie financière.

Cette visite était organisée dans le cadre d’un projet européen TRANSAE (pour TRANSition vers l’AgroEcologie) qui a pour vocation d’interconnecter des groupes d’agriculteurs des Hauts-de France, de Flandre et de Wallonie qui sont engagés sur la voie de la transition agroécologique. Le but est d’élaborer ensemble des modes efficaces d’accompagnement de cette transition. Le matin, à la salle des loisirs de Mont-st-Guibert, les exposés se sont succédés. Un agriculteur par région a témoigné de son parcours vers l’agroécologie. Des conseillers agricoles et des chercheurs étaient venus appuyer les discours pratiques par leurs réflexions. L’après-midi, une large place était donnée aux ateliers de terrain, sur les parcelles de Claude Henricot, pour apprendre à observer son sol.


Le déclic vers l’agroécologie

En reprenant l’exploitation de son père, Claude Henricot, observateur de la nature, ne se doutait pas qu’il allait évoluer vers l’agroécologie.

Composée de 60 moutons, de 2 hectares de maraîchage et de 103 hectares de betteraves, blé, colza, pommes de terre, cette exploitation de grandes cultures s’est également diversifiée grâce aux 7.000 m² de serres à vocation floricole.

C’est il y a une vingtaine d’années, que Claude Henricot a eu le déclic qui l’a mené aujourd’hui vers l’agroécologie. C’était à l’occasion d’une visite de fermes à Arras où il a observé les différences flagrantes d’infiltration de l’eau au sein d’une même terre gérée sur une partie par un père en traditionnel et sur une autre partie par son fils en non labour. Claude a de ce pas abandonné sa charrue. Au début, il se casse le nez, ses rendements diminuent, il commet des erreurs. Ses voisins agriculteurs et les représentants de firmes agricoles le traitent d’écologiste. Aujourd’hui il en ricane en préférant le terme d’ « éco-logique ». Claude épand régulièrement de petites quantités de matières organiques (fumier, compost). Son but est de nourrir en continu les vers de terre qui labourent à sa place. La réduction du travail du sol lui a permis une diminution d’utilisation de fuel de plus de 40%.

Autre clé principale du système : la couverture permanente des sols. Même l’hiver, ses terres sont couvertes avec des mélanges associant les légumineuses. Ces couverts sont détruits sans glyphosate, grâce à l’action du gel favorisée par le roulage de ceux-ci. « Si l’on veut se passer du Round up, il faut être prêt et sentir le bon moment pour aller rouler ou mulcher » nous précise Claude.

Tous les traitements phytos sont réalisés à « bas volume », ce qui a permis des réductions de doses de 40%.

Les objectifs de Claude sont clairs : avoir un sol qui vit et augmenter son revenu en diminuant ses coûts de production. Après 17 ans d’entretien du sol et d’application de techniques agro-éco-logiques, les rendements de l’exploitation touchent le haut du panier de la région. La majorité des rendements sont stabilisés et certains continuent d’augmenter grâce à l’amélioration génétique des variétés.